Après la pandemie ?

Pandémie, Confinement, Hospitalisation, Décès, Quarantaine, Test, Distanciation, Vaccin.... sont ces termes qui remplissent chaque jour les médias de la planète. Le monde passe par un tunnel ; mais qu'est-ce qui nous attend au bout? Peut-on espérer que tout reprendra « comme avant » ?  Mais 2021 et les mois qui nous attendent semblent nous indiquer quelque chose de nouveau.

L'humanité, pré-covid19, est décrite magistralement par le pape François dans l'encyclique « Fratelli tutti (Tous frères) ».  En voici quelques brefs extraits :

 « ... Des nationalismes étriqués, exacerbés, pleins de ressentiments et agressifs réapparaissent ». (§ 11)

« … Plus que jamais nous nous trouvons seuls dans ce monde de masse qui fait prévaloir les intérêts individuels et affaiblit la dimension communautaire de l’existence » (§ 12)

« ... S’accentue aussi une perte du sens de l’histoire qui se désagrège davantage [...]. La liberté humaine ne laisse subsister que la nécessité de consommer sans limites et l’exacerbation de nombreuses formes d’individualisme dénuées de contenu ».  (§ 13)

« … Les distances entre nous augmentent, et le chemin difficile et lent vers un monde uni et plus juste subit un nouveau revers drastique ». (§ 16)

« Certaines parties de l’humanité semblent mériter d’être sacrifiées par une sélection qui favorise une catégorie d’hommes jugés dignes de vivre sans restrictions ».  (§ 18)

« … Ainsi, ce ne sont pas seulement la nourriture ou les biens superflus qui sont objet de déchet, mais souvent les êtres humains euxmêmes » . (§ 19)

« … La richesse a augmenté, mais avec des inégalités ; et ainsi, il se fait que de nouvelles pauvretés apparaissent ». (§ 21)

« … Aujourd’hui encore des millions de personnes – enfants, hommes et femmes de tout âge – sont privées de liberté et contraintes à vivre dans des conditions assimilables à celles de l’esclavage ». (§ 24)

« Les guerres, les violences, les persécutions pour des raisons raciales ou religieuses, et tant d’atteintes à la dignité humaine ». (§ 25)

«...Réapparaît ‘la tentation de créer une culture de murs, d’élever des murs, des murs dans le cœur, des murs érigés sur la terre pour éviter cette rencontre avec d’autres cultures, avec d’autres personnes. Et quiconque élève un mur, quiconque construit un mur, finira par être un esclave dans les murs qu’il a construits, privé d’horizons. Il lui manque, en effet, l’altérité’ ».(§ 27)

 

Est-ce là le monde dans lequel nous voulons retourner ? Cette pandémie - malgré elle - ne nous fait-elle pas tous vivre une même réalité et ne peut-elle pas cacher un message et une proposition de nouveauté ?

Le pape François offre une chance : « Au-delà des diverses réponses qu’ont apportées les différents pays, l’incapacité d’agir ensemble a été dévoilée. Bien que les pays soient très connectés, on a observé une fragmentation ayant rendu plus difficile la résolution des problèmes qui nous touchent tous. Si quelqu’un croit qu’il ne s’agirait que d’assurer un meilleur fonctionnement de ce que nous faisions auparavant, ou que le seul message que nous devrions améliorer les systèmes et les règles actuelles, celui-là est dans le déni ». (§ 7)

«Je forme le vœu qu’en cette époque que nous traversons, en reconnaissant la dignité de chaque personne humaine, nous puissions tous ensemble faire renaître un désir universel d’humanité. Tous ensemble : ‘Voici un très beau secret pour rêver et faire de notre vie une belle aventure. Personne ne peut affronter la vie de manière isolée. […] Nous avons besoin d’une communauté qui nous soutient, qui nous aide et dans laquelle nous nous aidons mutuellement à regarder de l’avant. Comme c’est important de rêver ensemble ! […] Seul, on risque d’avoir des mirages par lesquels tu vois ce qu’il n’y a pas ; les rêves se construisent ensemble’. Rêvons en tant qu’une seule et même humanité, comme des voyageurs partageant la même chair humaine, comme des enfants de cette même terre qui nous abrite tous, chacun avec la richesse de sa foi ou de ses convictions, chacun avec sa propre voix, tous frères.»  (§ 8)

Et le Pape suggère: « Protéger le monde qui nous entoure et nous contient, c’est prendre soin de nous-mêmes. Mais il nous faut constituer un ‘‘nous’’ qui habite la Maison commune. » (§ 17)

Tout doit partir de moi, de toi, nous devons prendre soin de ceux qui nous entourent sans négliger l'ensemble de l'humanité; même depuis mon lieu de vie, je peux vivre, travailler, aider, prier pour l’humanité.

Dans un texte de Chiara Lubich de décembre 1999, il ressort une vision prophétique et son rêve d'un monde uni.

« Dans la conscience de millions de personnes, je rêve de l’aurore d'une fraternité vécue toujours plus large sur terre, déjà visible aujourd'hui mais qui deviendra demain, avec le nouveau millénaire, une réalité générale, universelle.

Je rêve de la disparition des guerres, des luttes, de la faim et des mille maux du monde.

Je rêve d'un dialogue d'amour de plus en plus intense entre les Églises, afin qu’on puisse entrevoir proche la composition d’une unique Église.

Je rêve d'un profond dialogue vivant et actif entre les personnes des plus variées religions, liées entre elles par l'amour, par la "règle d'or" présente dans leurs livres sacrés.

Je rêve d'un rapprochement et d'un enrichissement réciproque entre les différentes cultures du monde, afin qu'elles puissent donner naissance à une culture mondiale qui mette en avant ces valeurs qui ont toujours été la véritable richesse des peuples et que celles-ci s'imposent comme sagesse globale.

Je rêve que l'Esprit Saint puisse continuer à inonder les Eglises et à renforcer les "semences du Verbe" au-delà d'elles, afin que le monde soit envahi par la nouveauté continuelle de la lumière, de la vie, des œuvres que Lui seul sait susciter. Pour qu'un nombre toujours plus grand d'hommes et de femmes s'engagent sur le droit chemin, convergent vers leur Créateur et mettent leur cœur et leur âme à son service.

Je rêve de relations évangéliques non seulement entre les personnes mais aussi entre les groupes, les mouvements, les associations religieuses et laïques ; entre les peuples, entre les États, de sorte qu'il soit logique d'aimer la patrie de l’autre comme la sienne. Il est logique d'aspirer à une communion universelle des biens : au moins comme point d'arrivée.

Je rêve d'un monde uni dans la variété des peuples... Je rêve d'un avant-goût des cieux nouveaux et des terres nouvelles comme il est possible ici sur terre. Je rêve beaucoup, mais nous avons un millénaire pour le voir se réaliser ». (1)

C'est le « rêve » qui découle du charisme de Chiara Lubich, offert et proposé à tous, pour qu'ensemble nous puissions vivre la fraternité universelle et prendre soin de ce monde qui est le nôtre, avant qu'il ne soit trop tard.

 

    (1) - Extrait de Chiara Lubich, Attualità leggere il proprio tempo ( par Michele Zanzucchi), Città Nuova Editrice, Rome 2013